<h3>LE PÉCHÉ DE LA CHAIR</h3>

Un péché écologique

Suivant les sortes de viande, il faut entre 2 et 8 calories végétales pour produire 1 calorie animale. 18% des effets de serre proviennent de l'élevage, notamment en raison des transactions commerciales - importations, exporations, sur une échelle planétaire - des affouragements de toutes sortes, sans parler d'animaux eux-mêmes. La Suisse par exemple importe chaque année 250000 kg de soja pour les bêtes, dont 200000 en provenance du Brésil, plante souvent cultivée au détriment de la forêt tropicale. Pour trois raisons ce facteur climatique devrait s'accentuer: 1. La consommation de viande s'accroît dans les pays en voie de développement en raison de l'élévation de leur niveau de vie. 2. Chaque année la population mondiale s'accroît de 75 millions d'habitants. 3. Les surfaces agricoles cultivées n'augmentent pas, mais au contraire diminuent, en raison des désertifications et des extensions urbaines. Ainsi en Suisse, chaque seconde, 1,3 m2 de terres agricoles disparaissent.
Comme chacun sait, l'alimentation en eau est un problème mondial crucial. Or, les produits carnés sont très gourmands de ce précieux liquide. Il en faut 15000 litres pour produire 1kg de boeuf ou de veau, et 5000 pour un kg de porc. C'est le poulet le plus économe. 36% de la production mondiale de céréales sont destinés à l'élevage, alors que de nombreux terriens humains en manquent.
Parmi les pays européens, c'est Chypre le plus gros consommateur de viande, suivi du Danemark, de l'Espagne, du Portugal, de la France, etc. La Suisse vient au 18ème rang.
Alors, y a-t-il un péché écologique de la chair, le mot chair étant évidemment pris au sens latin de caro, carnis, carnem, lai tché en patois jurassien? Faut-il que tout le monde se fasse végétarien? Ce serait utopique en raison d'habitudes ancestrales préhistoriques. Mais on peut au moins en limiter la consommation individuelle et privilégier le poisson, les légumes et les fruits.
Source: NZZ 27.12 10
04.02.11